Le 9 mars 1861, le
Merrimac et le
Monitor se livraient le premier combat de cuirassés de l’histoire. Quelques soixante-dix ans plus tard, le 24 décembre 1932, on entreprenait à Brest la construction du cuirassé
Dunkerque de 26 500 tonnes. Et il n’est pas inutile de dire quelques mots relatifs à l’histoire du cuirassé pendant cette courte période.
En effet, l’apparition de ce nouveau type de navire de combat marqua l’avènement d’une monstrueuse course au tonnage. Dès 1906, apparurent les 18000 tonnes du
Dreadnought; puis, vint le
Hood avec ses 42000 tonnes et ce n’est qu’en 1921 que la Conférence de Washington fixa le tonnage maximum des navires de ligne à 35000 tonnes et limita leur armement au calibre de 406. Cette évolution s’explique très normalement en considérant les facteurs classiques de la puissance du cuirassé : armement, protection et vitesse. Les deux premiers sont indissolublement liés puisque l’on admet que le navire de ligne doit pouvoir donner des coups et en recevoir. Or, toutes choses égales d’ailleurs l’efficacité d’un projectile dépend de son calibre tout comme la sécurité d’une cuirasse dépend de son épaisseur. D’autre part, la vitesse ne s’obtenant qu’en augmentant la puissance propulsive, tout conduit à mettre en chantier des navires d’un déplacement de plus en plus grand.
Par leurs clauses restrictives, les accords de Washington ont forcé les ingénieurs à porter leurs efforts sur des nouveautés purement techniques dans le cadre d’un devis des poids assez rigide : amélioration de la qualité de l’acier servant au blindage, dispositions nouvelles de l’armement ou perfectionnement des turbines. Et, si les enseignements de la deuxième guerre mondiale ont orienter la construction navale vers de nouveaux domaines, il n’en est que plus intéressant d’étudier les caractéristiques du
Dunkerque qui marque une étape extrêmement remarquable dans l’histoire du cuirassé et qui atteindra en France son apogée avec le
Richelieu.
Extrait de la monographie du Dunkerque