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A l’école de l’Amiral Courbet (1827-1885)
Vainqueur des mers de Chine

François Schwerer (AAMM)
Temporis, 2023

Il est remarquable de constater que les Amiraux français qui ont eu l’honneur de conduire la Marine Nationale pendant la Guerre de 1914-1918 ont, dans leur très grande majorité, été formés au contact de l’Amiral Courbet dans les mers de Chine.

Ce meneur d’hommes, véritable bourreau de travail, avait su tempérer une imagination audacieuse par une prudence raisonnée ainsi qu’une froide exigence dans le travail par une attention douce et légère dans les relations humaines. Organisateur méticuleux et discret, les ordres qu’il donnait était toujours clairs et précis, jamais contredits. Lorsqu'il préparait une action, il examinait toujours dans quel contexte il avait à la conduire et quelles pourraient en être les conséquences pour les autres. Il savait aussi bien réprimander que féliciter sans aucune hésitation, autant que cela lui paraissait justifié. Nerveux et passionné, il savait ne pas communiquer ses doutes et ses angoisses à ses subordonnés, mais à l’inverse il était passé maître dans l’art de leur insuffler l’ardeur qui permet de réaliser de grandes choses. Loyal et obéissant vis-à-vis de ses supérieurs, il considérait comme un devoir de leur indiquer avant toute opération d’envergure les limites que sa conscience morale lui interdisait de franchir et de leur rendre compte après coup, dans les moindres détails, de la façon dont il avait exécuté les instructions reçues. Homme de devoir, il savait souffrir en silence, acceptant par avance les sacrifices nécessaires pour la réussite des missions reçues...

A son exemple ces jeunes officiers ont appris ce qu’est un vrai chef. Certains n’en ont peut-être pas retenu toutes les leçons, d’autres n’avaient peut-être pas réussi à développer en eux toutes les qualités nécessaires, mais tous avaient compris à son contact ce que signifient les mots HONNEUR et PATRIE qui figurent sur les bâtiments de la Marine Nationale et tous avaient appris auprès de lui que le seul idéal qu’ils devaient poursuivre envers et contre tout était de SERVIR.